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Les jeux olympiques de la joie


— Comment ça va ?

— Pas bien, et toi ?

— Oui, ça se voit.

Moi, j’essaie de positiver.

— C’est bien, faut essayer… Tu sais…


Un jour,

on s’ra des championnes du bonheur,

médailles d’or d’ la sérénité,

des putains d’ déesses du sourire,

auréolées de rigolades,

aux jeux olympiques de la joie


Tu verras,

chaque geste

est une victoire clandestine.

Potentiel inouï, diamant brut.

Je te vois. Je te le dis:

c’est le haut niveau, ma chérie.

Voici :

un trophée pour t’être levée,

hourras pour avoir respiré,

ovations pour tes cheveux lavés,

l’or pour deux tasses dans l’évier.

Un bouquet chaque jour

où tu refuses le silence.

On dansera dessus,

divines,

aux Jeux Olympiques de la joie.


On aura des robes d’allégresse.

Il faudra construire un podium

comme un royaume colossal

On sera les impératrices hilares,

guerrières de la légèreté,

armures de paillettes,

miss gloussantes

dégoupillez moi ces sourires!

édentés, sorcières amusantes.

Pam, pam, pam !

Explosion !

Feux d’artifice sur le monde.

On l’a porté.

On l’a lâché.

Il tremble.

C’est un cerisier à secouer —

on se balancera sur les branches.

et on rigolera de tomber.


Et si un jour on nous demande :

“Vous avez pulvérisé tous les records

de toutes les disciplines joyeuses,

les uns après les autres…

Quel est votre secret ?

Comment vous êtes-vous entraînées ?”

On dira qu’on s’est levées

quand tout pesait cent tonnes.

Qu’on a tenu

encore un jour.

encore, on a dansé.

Même une minute.

Une seconde de plus.

pour faire sourire un enfant,

dans la salle de bain dévastée.


on sera des championnes du bonheur,

médailles de la sérénité,

des putains de déesses du sourire,

auréolées de rigolades.

aux jeux olympiques de la joie


Et on fera un feu

pour y jeter les coupes d’or

les couronnes, les sceptres, les médailles, les

trophées, on les fondra

pour faire des gamelles à nos chats

des équerres à nos chaises bancales

et des cannes pour claudiquer

championnes du rire

fuites urinaires en bandoulière.

sirènes écaillées, cabossées,

déesses fluos survivalistes.

3, 2, 1, partez !

Splashs de joie dans ta face.

on sera les championnes du bonheur,

Des putains de déesses du sourire

 
 
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